Note pour plus tard :
"Pour se reposer à Madagascar : ne pas partir en vacances et rester bien
bien tranquille derrière mon bureau…"
Déjà avant de partir,
ça merdait… A J-3, on nous annonce un cyclone force 4/5 sur Diego le
23/12… Du coup, les deux couples d’amis avec qui on devait partir
paniquent et changent leurs billets d’avion… Nous, on dort pas sur nos
deux oreilles mais on maintient le cap sur le nord, en changeant
seulement nos billets pour le 24/12… Les imprévus ne faisaient que
commencer…
Arrivée samedi 24,
donc, sous la pluie… hôtel Balafomanga… On nous montre un petit couloir
inondé, mais sans eau au robinet : notre chambre pour le réveillon… même
pas de sapin
… plus de réseau téléphonique depuis le cyclone… Impossible de joindre
Julie, notre copine qui bosse à Diego… Pas découragés pour autant, on
part à l’assaut de la ville et de ses flaques. Chouette réveillon tous
les trois au resto : poisson, poisson, et poisson… Ca change du zébu…
Après le dîner, Julie nous propose de poursuivre en boîte pour qu’on
voit "le vrai Diego"… Et, là, le choc, vraiment… Dans la boîte, des
centaines de filles sublimes de moins de 25 ans (voire beaucoup beaucoup
moins) se dandinent à moitié à poil… Leurs cavaliers : des vieux
Vazahas ignobles de 60, 70 peut-être même 80 balais… qui tripotent et
collent ces gamines sans sourciller avant de les emmener dans leur
hôtel… C’est à vomir… Alors, le tourisme sexuel, c’est ça… Dès fois, je
me dis que les copains ont raison de parler "du monde merveilleux de
Camille"… Trop naïve, peut-être, ce remake de Cocoon dans les bas-fonds
des hôtels de Diego fait froid dans le dos… Je comprends d’autant mieux
le titre "rade terminus"… On se barre sans demander notre reste en se
serrant fort la main…
Noël… Enfin pas
vraiment… Pas de cadeau, pas de petit déjeuner en famille, pas de photo
du sapin… Mais, la rencontre avec M Jacques, notre loueur de voiture,
qui nous amène notre carrosse à 9h devant l’hôtel. Il nous demande un
chèque de caution (on a laissé le chèquier à Tana); alors il nous
demande 300 000 ar de liquide (on les a pas); alors, il nous laisse
partir avec la 4L sans garantie !!! Nous, on ne signe aucun papier :
normal, c’est Mada !!! Aymeric tatonne avec le levier de vitesse en
l’air… on décide de s’arrêter prendre un petit déj dans un grand hôtel
et là : surprise!! La 4L ne ferme pas… (enfin, si, côté passager car la
porte est bloquée!!!). On rappelle M Jacques, qui nous dit que … c’est
pas grave. Un peu quand même!!! Si on se fait tirer la voiture, que se
passe-t-il??? Faire de la taule à Mada, non merci… Du coup, on abandonne
: on lui ramène la voiture et on la réserve pour le lendemain avec un
chauffeur… Décidément, impossible de voyager en indépendant à Mada…
Changement de programme, on se fait toute la baie de Diego à pied, il
fait chaud et soleil, profitons-en!!! Toujours pas d’eau à l’hôtel…
Mardi, départ pour le
parc national de la montagne d’Ambre à 30 kms de Diego avec notre 4L qui
ferme pas et le chauffeur… Attrape-Vazahas, ces parcs nationaux : 10
euros / personne pour l’entrée (contre 50 centimes pour les Malgaches) +
20 euros pour le guide : là encore, il faut se farcir quelqu’un.
Heureusement, celui-là est très sympa et parle bien français. Il nous
explique et nous montre plein de choses : on a la chance de voir 3
familles de lémuriens, des phasmes, des escargots énormes et le plus
petit caméléon du monde et … d’horribles sangsues… Je sentais une vive
douleur sur la cuisse après la première heure de marche, je soulève mon
fut’ pour voir cette énorme bestiole noire qui me pompait le sang
gaiement, au jour d’aujourd’hui, j’en ai encore la grosse trace violette
dégueu sur la jambe… Bon, après on s’y fait, on s’est fait bouffer les
jambes par ces bestioles tout l’après-midi, on était couvert de petits
suçons… Ca, c’était pour la faune. Pour la flore, on était en forêt
tropicale humide… Il faut donc … de l’humidité … et c’est ce qu’on a eu :
1 heure de marche au sec et 4 sous une pluie torrentielle non stop… Je
n’avais jamais fait ça… Retour à Diego en fin d’après midi, trempés
comme des souches mais gardant dans la tête les images de deux
énormissimes trop belles cascades, cadeau de notre trek.
Mercredi… Plus de sous…
Bon, OK, on avait prévu un peu juste… Heureusement, on est à Mada!!! On
est allé à la banque, on a dit qu’on avait un compte à Tana, ils ont à
peine regardé mon passeport et ils nous ont donné des sous… Ca a pris
toute la matinée, mais c’était de notre faute, alors, on n’a pas ralé.
On est parti, sous le soleil, à Ramena, village de pêcheurs, à 25 kms de
piste de Diego. On avait loué un bungalow qu’on croyait sur la plage…
Pas tout à fait, en tous cas, une enclave Vazaha, au milieu d’un
bidonville, village de beauf, genre club Med mais en plus médiocre, avec
beaucoup de gros monsieurs qui boivent de grosses bières en tapant sur
les fesses de leurs nouvelles "petites copines" malgaches, louées,
comme le bungalow, à la semaine. On arrive à la plage en suivant les
égoûts du village, et en slalomant entre les poules et les macheurs de
khât avachis (plante que les Malgaches ruminent pendant des heures pour
ses vertus euphorisantes : imaginez tous les hommes du village avec une
joue de hamster, c’est assez drôle…) Se baigner en amoureux sur la
plage… Ca fait rêver… C’était sans compter sur les "des tresses, madame,
pas cher, belles tresses" "massage, monsieur, pas cher, massage?"… On
se croirait presque dans les rues de Tana… On se dit que sûr, demain, on
reste pas là… On se fera une rando le long des 3 baies qui font face à
Ramena. Je pensais pourtant ne pas prendre de risque en mangeant un
poisson grillé…
Et si!!!!! J’ai passé
la journée du lendemain au lit (et aux toilettes, non séparées de la
chambre, pas du tout tue-l’amour…), décalquée, à ingurgiter des litres
et des litres de coca, sans pouvoir rien avaler, avec mon amoureux qui
ne savait plus quoi faire pour me requinquer… Ballade annulée, d’toutes
façons, il a plu toute la journée…
Vendredi, je puise tout
au fond un bout de courage et nous voilà partis pour la mer d’Emeraude…
Avec un nom comme ça, je ne pouvais pas ne pas me forcer à y aller. 4
Vazahas et 6 Malgaches, dans un tout petit bateau de pêche, au milieu de
la mer… Ca non plus, j’avais jamais fait… Quelques gouttes d’eau au
départ, pour finir par des trombes à l’arrivée… Vous avez dit, pas de
bol??? Arrivés sur notre île déserte normalement paradisiaque (au bout
d’une heure de bateau) on court se réfugier sous une paillote
grelottant, en maillot de bains avec notre serviette trempée avant même
la baignade… Cela dit, même sous la pluie, la mer d’Emeraude, c’est de
la tuerie… une eau translucide, mais couleur verte… Tu vois le fond,
partout… Du sable blanc, blanc, blanc… C’était magnifique… Les hommes
reprennent le bateau pour aller pêcher au harpon en pleine mer, j’ai
suivi, pour voir : 25 poissons gros comme… des gros poissons en moins
d’un quart d’heure… Ils repèrent la bestiole et plongent jusqu’au fond…
Des oufs! Pendant ce temps, les 2 nanas nous préparent du riz à la coco
et des achards et ça finit par un gueuleton incroyable sous la paillote
et sous la pluie (avec surtout du riz pour moi…). Enfin, seulement pour
les Vazahas, parce que les Malgaches mangeront nos restes, ça aussi,
c’est naze et triste… Le ciel se découvre dans l’après-midi, on se
balade sur l’île, en ramassant des coquillages magnifiques, et là, c’est
drôlement romantique quand même…
De retour aux
bungalows, il faut trouver un taxi pour rentrer à Diego, et là, les mecs
sont malins, ils savent qu’on est coincés, alors ils font des prix de
malade!!! On rentrera dans le coffre d’un pick-up pour la peine, et sans
pluie même !!! Drôlement hâte d’arriver à Diego pour se sécher… Le
ventre d’Aymeric commence à pas faire son malin… Heureusement, on a
trouvé un chouette hôtel, à un prix raisonnable, très propre, avec eau
chaude et tout… Enfin, il aurait fallu que le gérant n’oublie pas notre
réservation… J’avais payé la 1ère nuit, mais "je suis désolé, j’ai
oublié"… Aymeric, furax, veut se saisir de son portable pour trouver un
autre hôtel… Et là : plus de portable (le mien était à Tana)… Et son
ventre qui grogne, qui grogne… Et là, le gérant nous sauve : si on
attend une heure, une chambre sera libre… OK… Avec horreur, on voit,
après une heure d’attente, sortir de la chambre un mec et sa pute… Le
gérant nous rassure "si vous voulez, je vais changer les draps"… Il est
19h30, nous sommes au bord de la crise de nerfs, nous entrons dans la
chambre : lit 1 place !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Aymeric est malade comme
un chien, on n’a plus de téléphone, on a réservé une bagnole pour demain
6 heures : ça craint… On repart dans Diego à la recherche de Julie et
d’une cabine téléphonique, ce sera la 5ème qui fonctionnera !!! Bien
sûr, à l’hôtel, personne n’a trouvé notre portable… On annule la voiture
et je tente tant bien que mal de prendre soin de mon homme.
Samedi : recherche d’un hôtel, arrêt de la ligne du téléphone perdu, puis rien. Dodo, lecture et rien. On l’a bien mérité.
Dimanche : re 4L et re
chauffeur, direction le parc régional de l’Ankarana. Grand soleil, deux
heures de route : magnifique… On traverse beaucoup de villages, de
marchés, les gens s’affairent pour la fête de ce soir. Les femmes sont
magnifiques, ici… C’est vraiment l’Afrique, des boubous de toutes les
couleurs (ici, ça s’appelle des lambas)… Les gens des côtes sont les
descendants d’esclaves, ils ne ressemblent pas du tout aux gens des
Hauts Plateaux… Mais, comme ils sont beaux!! Dans ce parc, on voit des
trucs incroyables, des paysages encore jamais vus : les Tsingy. Ce sont
des sortes de stalagmites très piquants et très acérés sur lesquels on
peut marcher. Ils s’étendant sur des kilomètres. Ceux que nous avons vus
font une dizaine de mètres de hauts mais il en existe de bien plus
hauts dans l’ouest de l’île. Le bruit de ces pierres, leurs formes,
leurs accumulations, c’est extra-terrestre… Aussi, nous sommes allés
dans une immense grotte, gavée de chauves-souris, c’était ultra
impressionnant… On a vu des tonnes d’animaux d’habitude dans les zoos
!!!! Des lémuriens, des boas, des papillons sublimes, des perroquets,
des caméléons, des batraciens bizarres, des araignées plus grandes que
ma main, aussi des baobabs… C’était magique… Pour cette ballade,
j’oublie tous les aléas passés… Pour cette ballade, j’aime Madagascar…
Retour à Diego pour le
Réveillon. On est invités à une grosse fête chez une amie de Julie : une
cinquantaine de personnes, Vazahas et Malgaches, jeunes, vieux, c’était
super. On a dansé toute la nuit (enfin surtout les Malgaches qui sont
increvables quand il s’agit de danser) le saleg… (danse où il faut
beaucoup remuer le popotin !!!!)
Lundi, lendemain de
Réveillon… La chaleur est insupportable, du 35° au moins et pas un
souffle de vent… On fait nos purs Vazahas et on va se dorer la pilule à
la piscine du Grand Hôtel tout l’après midi après un petit déjeuner chic
gargantuesque. Ben, oui, après tous ces hôtels miteux, ça fait du bien
dès fois!!! Dernier dîner avec Julie.
Bilan mitigé, donc…
Madagascar, c’est le pays du grand n’importe quoi, le pays des extrêmes,
là où tout peut t’arriver, le mieux ou le pire… Le pays des moustiques,
ça c’est sûr… On a la peau ravagée de morsures en tout genre… mais, on
est presque reposés et surtout on a fait un break de Tana : on était
presque contents de rentrer, tiens !